René Zosso est un vielliste et chanteur suisse, né à Genève en 1935. Ses performances sont rares, son jeu dépasse le genre, et l'équipe de
Sonic Protest est extrêmement enthousiaste à l'idée de le présenter dans le festival. Chanteur-diseur reconnaissable entre tous, il est aussi un pédagogue initiateur de vocations. Après des études littéraires, il enseigne au Collège de Genève, joue au Théâtre de Carouge et dirige le Centre de lectures-spectacles du Théâtre universitaire. Il fait une rencontre décisive : la vielle, et donne en 1962 ses premiers concerts.
René Zosso aborde la vielle avec un esprit neuf : ce n'est pas tant le répertoire traditionnel en soi qui l'intéresse que l'instrument en tant que tel, avec sa musique ancienne (la tradition orale, le Moyen Âge, la musique baroque) et ses possibilités virtuelles. De 1963 à 1976, il présente un récital solo "
Le Dur Désir de durer " dans toute l'Europe et à New York (Cloysters). Il collabore avec le
GRM à Paris et le
GMEB à Bourges pour développer les possibilités de la vielle en musique électro-acoustique et joue avec le percussionniste
Pierre Favre.
Depuis 1972, il est le chanteur-vielleux attitré du
Clemencic Consort pour les programmes consacrés au Moyen Âge. Il enregistre avec cet ensemble prestigieux plusieurs disques, entre autres les "
Carmina Burana " originaux, le "
Roman de Fauvel " et les "
Troubadours ". Sa capacité de chanteur sachant porter un texte, qu'il soit français, latin ou occitan, est particulièrement remarquée. Par
Jordi Savall, entre autres, dont il est un partenaire récurrent.
Depuis 1976 il joue en duo avec
Anne Osnowycz avec qui il donne régulièrement des concerts de musique médiévale. Le choix de la vielle à roue et de l'épinette hongroise, instruments à bourdon dont l'origine remonte en tout cas à dix siècles, ne provient pas d'une nostalgie d'un passé idyllique, d'un archaïsme facile
ou d'un goût prononcé pour les instruments anciens. Lorsque
René Zosso s'attelle à sa vielle et lorsqu
'Anne Osnowycz pose son épinette sur ses genoux, ils accomplissent un geste comparable à celui du peintre qui tend sa toile blanche sur son cadre. Le son continu de ces instruments, le bourdon, sert à parler du temps. Pas du passé, pas forcément du présent, mais du temps-durée où s'inscrivent les émotions, les états d'esprit divers qui de tous temps ont animé les hommes.
Si
René Zosso et
Anne Osnowycz retournent souvent aux sources médiévales, en ce qu'elles inspirent de permanent et de prodigieusement fécond, l'écran des bourdons porte également en lettres vives les poètes actuels. Les voix, modelées par les instruments, passent avec un égal bonheur des chants des troubadours à la poésie moderne. Cette remise à l'honneur des instruments à bourdons nous permet d'accueillir notre musique modale ancienne et de la faire participer au concert de notre siècle.
Quand ? Où ?